Remonter Moorcock: bibliographie Moorcock: carte Elric
| |
Michael MOORCOCK
(cliquez ici pour sa bibliographie complète)
Michael MOORCOCK est né en 1939
près de Londres. A seize ans, il combine l'écriture de nouvelles d'Héroic
Fantaisy, sa passion pour la guitare, et les fanzines de bande-dessinée dont il
assure souvent la direction avant de pénétrer plus en avant dans l'univers
fantastique en devenant en 1963 le rédacteur en chef de NEW WORLDS. Comme en témoigne de nombreux écrits de Moorcock, comme
cette dédicace d'Elric le Nécromancien" "A la mémoire du rédacteur
des revues NEW WORLDS et SCIENCE FANTAISY, Ted Carnell, qui publia les
premières histoires isolées d'Elric et me suggéra d'en faire une série.
C'est à sa bonté et à sa générosité que je dois les meilleurs
encouragements de ma jeunesse. C'est grâce à lui que ces histoires ont été
écrites", ce sont ces années qui
laidèrent à fasçonner son univers, sa conception de l'Heroic Fantaisy, et il
ne le renie pas.
Il aime la musique... Et il en joue ! Son groupe, The Deepd Fix, a d'ailleurs
sorti plusieurs disques il y a quelques années,dont "The new worlds fair"
devait ressortir en 1991. Pour plus d'informations sur la question, vous pouvez
contacter The Nomads of the Time Streams, P.O. Box 451048, Atlanta, USA. En 1991
on pouvait se procurer infos et disques par l'intermédiaire de Trevor Hugues
P.O. Box 6, Liscard, Wallasey, Merseyside L45 45J (GB). D'autre part, son oeuvre
a inspiré d'autres musiciens, comme le groupe Blue Oyster Cult (avec lequel il
a collaboré) qui lui dédia Dark Blade, l'un des morceaux de son album "Cultosaurus Erectus".
Il manifeste... Moorcock est très impliqué dans la campagne contre la
pornographie et la censure dont on peut se procurer le manifeste par CPC, P.O.
Box 844, London, SE5 9QP, GB.
On peut contacter Michael Moorcock à : c/o
Anthony Sheil 43 Doughty Street, London WC1N 2LF ou c/o Don Congdon 156 Fifth
Avenue, New York 10010 USA

S'il fut le rédacteur en chef de la défunte revue NEW WORLDS depuis
1963, il utilisa abondamment ce support pour ses nombreuses productions:
critiques, nouvelles, articles divers... (voir la bibliographie), qu'il ne signe
parfois même pas. A ses débuts, dans les années 60, il s'est beaucoup servi
de pseudonymes, et on le retrouve sous des noms tels que Philip James, Bill
Barclay, James Colvin, ou Desmond Reid. Souvent, lorsque ces oeuvres de jeunesse
ont été reprises par la suite, il les a signées de son vrai nom. D'ailleurs,
il a toujours aimé fréquenter des supports faniques, et on le découvre dans
des fanzines tels que Les Spinge 12 ou Weird Fantaisy 1. Maxim Jakubowski, dans l'excellente anthologie qu'il
rédigea en l'honneur de Moorcock (Le livre
d'or de la science-fiction: Michaël Morcock) dit de lui qu'il fut l'accoucheur de la S.F. moderne tout
en restant un auteur ne se prenant pas au sérieux, capable de passer de
l'univers désespéré et décadent d'Elric aux aventures d'espionage
picaresques de Jerry Cornélius, en passant par de nombreux textes plus
qu'érotiques (et méconnus), la BD, la musique... Un auteur prolixe (allez voir
sa bibliographie !!!) qui écrit vite (certains livres du cycle de Hawkmoon
auraient été écrits en 3 ou 4 jours seulement) mais qui reste méticuleux. Un
homme connu pour sa gentillesse, sa modestie et... son éternelle rébellion
envers la religion, la politique, les chaînes de toutes sortes.
Cette rebellion, on la retrouve dans son obséssion pour la décadence, les
mondes en bout de course, à bout de souffle; la décadence, la liberté des
hommes malgré tout, libres face à la fatalité, face au destin, face à la
volonté implaccable des dieux. Moorcock lutte contre les contraintes, et pour
cela il peut rire ou hurler, tout est bon. Tout, y compris l'archétype
suprême, le Champion Eternel, qui refuse le destin qui l'accable, lui qui vit
pour tous les autres, qui ne vit que pour cette lutte éternelle... Moorcock,
fascinant avec sa plume désillusionnée, libertaire, efficace tout en sachant
être poétique, est un contestataire. Contrairement à de nombreux auteurs de
HF, il ne s'enfuit pas dans l'écriture, il se révèle par elle, il l'utilise,
il fait de son mieux... Si son oeuvre a pu souffrir des exigences de certaines
commandes boulimiques, le fond est souvent si complexe et si profond qu'on
l'oublie vite. Le Multivers, le Champion Eternel, la fin d'une ère annonçant
le début d'une autre, des doutes, tout est si poignant, si fort, qu'on peut
pardonner des fins de récits visiblement écrits dans l'urgence... Moorcock a
une imagination sans borne, et le "savoir-dire" qu'il faut pour nous
embarquer... Les flamands roses géants et les baragoins, ces monstres mutants
qui hantent les marais d'une Kamarg par ailleurs apprise aux secrets de la plus
haute technologie... Et le châteaurendu invisible de Corum, le dernier de cette
race si raffinée et si savante... Et les liens vitaux qui unissent
(enchaînent) l'albinos Elric à son épée-entité...
Il en faudrait, des pages et de la rigueur pour parler mieux et bien de cet
auteur !
Des mondes, des histoires, des destinées qui se croisent, s'imbriquent à
l'infini, comme si finalement, il n'y avait qu'une seule histoire, répétée
sans fin et sans espoir. Il l'aime et sait la manier, Moorcock, la technique du
crossover, qui lui permet d'impliquer les héros d'une oeuvre si disparate dans
une histoire commune, sur un plan multiversel quant ils sont censés avoir
chacun leur propre saga, leur propre monde, leur propre temps et leur propre
destin !
C'est ainsi que les quatre principales "incarnations" du Champion se
rencontrent dans "Le navigateur sur les mers du destin", réunis pour
sauver l'univers, le Multivers... Et au fil du temps et de l'écriture, l'auteur
de s'amuser de plus en plus à mélanger les sagas, les destins, pour ajouter à
leur complexité et à leur interdépendance.
Moorcock a donc ceci de magique, de véritablement génial: une philosophie
ontologique et cosmogonique (la Loi, le Chaos) du multi-univers: une course
éternelle, sans fin, où l'homme doit apprendre à se défaire de ses chaînes
et se responsabiliser par rapport aux dieux décadents qui gèrent son destins
et joue avec. Il doit se libérer de ce joug, et bâtir son propre monde même
s'il doit faire le deuil de ce qui était jusqu'alors le sien.
Et cette conception complexe quoique classique, contribue à enrichir encore
l'oeuvre de Moorcock, puisque s'il y a correspondance, interdépendance de ses
mondes les uns avec les autres, au gré de son imagination, ce phénomène de passage garde sa part mystique. La texture de l'Univers ne
serait donc pas unique, mais probablement multidimensionelle. Le Multivers
serait composé d'une infinité de sphères, autant de mondes qui se
rencontreraient parfois, se chevaucheraient, s'interpénétreraient pendant un
temps infiniment long ou court, en un mouvement généralement involontaire...
LA COSMOGONIE DE
MOORCOCK:

Le Multivers est sous le joug de deux forces, deux camps de divinités
antédiluviennes, la Loi et le Chaos, qui se livrent un combat féroce. (CLIQUEZ ICI POUR ACC2DER 0 LA CARTE DU MONDE DE MOORCOCK)
Le Chaos est davantage la force qui a dominé jusque là, sorte de maëlstrom
originel où règne l'inconstance, l'absence de règle: bref, où le pire comme
le meilleur est possible.
La Loi, au contraire, codifie et règle tout. Elle veut maîtriser le Chaos
(donc le détruire, l'effacer, l'ordonner) et donner au Multivers sa forme
finale (en fait sa forme nouvelle), faite de constance, de sécurité, et de
morale. La loi, c'est aussi la grisaille, l'uniformité, le désespoir. La
conformité.
Moorcock ne prend pas vraiment partie, mais lorsque la Loi est gagnante, cela
signifit généralement la fin du monde du héros (anti-héros), et sa fin à
lui aussi.
Ainsi, dans Chien de Guerre, l'enfer que voit Von Bek est tout-à-fait conforme à la
Loi: tout est gris, et les gens sont sans espoir.
Heureusement, ces deux tendances antagonistes sont compensées par l'existence
d'une troisième force, la Balance Cosmique, dont la victoire finale marquerait la fin des temps
anciens et le début de notre ère (monothéisme ?).
La lutte sans merci que se livrent la Loi et le Chaos sur le dos des hommes (des
mortels, dirons-nous) se déroule dans chacun des univers abordés par Moorcock.
Chacun des deux camps a son heure de gloire, et se sert du héros local pour
parvenir à ses fins. Or, dans chacun des mondes il existe un hâvre de paix,
dont le nom le plus couramment utilisé est TANELORN. C'est un sanctuaire
mythique, un peu comme Avalon pour les arthuriens... Le Champion Eternel rêve
de pouvoir s'y reposer enfin...
LE CHAMPION ETERNEL ET SES ATTRIBUTS
Né (créé ?) pour intervenir lorsque
l'équilibre des forces menace d'être brisé, le Champion Eternel, qu'il soit
incarné par Corum, Elric, Erekosë ou Hawkmoon, n'est pas toujours conscience de ce qu'il est. Son destin
lui échappe souvent, et il peut ignorer faire partie des plans divins (ceux de
la Balance) et croire vivre une nouvelle aventure. Il peut aussi avoir compris
la désespérance de son destin, et vouloir vainement lui échapper.
Quoi qu'il en soit, il n'a pas le choix et doit assumer ce lourd fardeau,
malgré un passé généralement douloureux: anéantissement de sa famille ou de
sa race, parfois de sa propre faute.
En plus de la lourde tâche à laquelle il doit consacrer son éternité, le
Champion est condamné à la solitude. Il finira seul, vivra seul, car il est
unique, bien que, dans le cas d'Erekosë, conscient de ses innombrables
incarnations. A force de perdre ceux qu'ils aiment, ils décident d'ailleurs
souvent d'eux-mêmes de poursuivre leur route de façon solitaire, mais
généralement, ils se retrouvent affublés d'un compagnon de route fidèle,
attachant et... Parfois surgi de nulle part.
Mais ces compagnons sont destinés à
périr tragiquement.
A la fin, il ne doit rester que le
Champion, la Balance, et l'entité-objet, pour que tout prenne (ou perde) son
sens.
Le compagnon est le meilleur (et seul) ami du Champion, mais aussi son frère
d'arme, son confesseur, tout en servant de comique à l'histoire. Le plus
important est l'enjoué Jhary-a-Conel, l'ami de Corum, que l'on retrouve dans une autre histoire.
Il est le seul des compagnons à être conscient de son rôle, et de son sort.
On a l'impression qu'il est une sorte d'incarnation de compagnon éternel.
Hawkmoon a le privilège d'en avoir deux à lui seul, Oladahn des Montagnes
Bulgares, et Huilliam d'Averc. Elric, lui, comme toujours si désespéré et si
douloureux, est fidèlement accompagné par Tristelune, qui le suivra jusqu'au bout, avant de périr, le dernier,
de ses mains, assailli par Stormbringer l'assoiffée. Rackhir l'Archer Rouge
périré pendant la Quête des Dieux Gris.
Quant aux amours, n'en parlons pas. Elles sont plus encore vouées à se
terminer tragiquement. Il n'y a pas de place pour la femme dans la tâche du
Champion. Elric perdra Cymoril puis Zarozinia, Corum perdra Medhbh puis Rhalina, Erekosë quittera Yolinda
puis Ermizhad, et Hawkmoon perdra Yisselda...
Les héros de Moorcock sont donc voués à la solitude, mais pas totalement
abandonnés à leur sort, puisque toujours affublés de deux adversaires,
agissant généralement l'un après l'autre: Théleb k'aarna puis Jagreen Lern pour
Elric; Glandyth-a-Krae puis Gaynor le Damné pour Corum; Méliadus
et Kalan
de Vitall pour Hawkmoon, et rien de moins
que l'humanité toute entière pour Erekosë !
Il arrive que le Champion serve (ou soit asservi)
par l'une des deux forces, souvent marqué par la présence d'un objet lié à
la Loi (le Bâton Runique) ou au Chaos (l'Epée
d'Elric, le Joyau de Hawkmoon, noirs tous les deux).
Dans tous les cas, l'épée est très souvent liée à la lutte du Champion
Eternel: on la retrouve chez Elric (Stormbringer est sa représentation la plus
entière, c'est carrément une entité), mais aussi chez Erekosë. Hawkmoon en a
une aussi (l'Epée de l'Aurore), ainsi qu'Ulrik Skarsol (l'Epée Froide). L'épée prolonge le bras du Champion, mais ce n'est pas
une simple arme. C'est en quelque sorte un outil, ou un agent du Destin, et elle
réclame toujours son dû.
Le Bâton Runique est plus subtil, et fait le pendant au couple chaotique
Epée-Joyau. Il appartient à la Loi.
Tous ces objets ne forment en fait qu'une
seule et même entité, qui elle même suit sapropre destinée, parfois si
difficile à saisir qu'on pourrait croire qu'elle constitue une quatrième force
cosmogonique si tous ces objets ne se réunissaient pas dans "La Quête de
Tanelorn" pour reconstituer l'entité originelle qu'ils formaient, à
connotation fortement chaotique. Moorcock aurait-il un parti pris ?
"Tel est le destin du Champion Eternel
pour toute une éternité. Mais si vous lisez "La Quête de Tanelorn",
vous comprendrez qu'il arrive un moment où toutes les sphères se rejoignent et
où il est possible de changer la destinée de l'homme. Le Temps de la
Conjonction du Million de Sphères permet de remettre en question toute la
cosmogonie établie, d'éradiquer la Balance, la Loi, le Chaos, et de donner la
liberté à l'homme pour la prochaine éternité. Une évolution presque
historique, puisque les vieux mythes (grecs) de la Loi et du Chaos s'effondrent
pour laisser place à une pensée plus moderne telle que nous en connaissons,
nous, une actuellement."
Nicolas Toper, KAOTIC n°10
allez voir le site anglais "Tanelorn, the
city of Peace"
|