Quant à BEL,
c'était le dieu suprême des Babyloniens (Isaïe, XLVI). Bêl est la forme
chaldéenne de Baal. Comme l’équivalent hébreu Baal, le nom Bêl était
utilisé dans le sens de « seigneur » ou « propriétaire ».
Bêl régnait sur les airs et avait pour épouse Belit. L’historien grec
Hérodote assimila Bêl avec le dieu grec Zeus et l’orientaliste britannique
George Rawlinson le croyait différent du Syrien Baal. En tant que Bêl-Merodach,
le dieu était lié à la planète Jupiter, associée en mythologie astrale à
la force productrice de la nature.
Les récits eschatologiques
sont un élément central des religions : ils développent une mythologie
autour de la mort, donnant à connaître l'inconnu. Posant une communauté
d'existence entre les individus jusque dans la mort, ils proposent une
communauté déterminée pour en affronter les affres et en interpréter les
signes, et prescrivent une conduite morale qui en découle. Présents dans les
cultures orales traditionnelles, dans les anciennes religions de la Perse
(zoroastrisme et mazdéisme), les récits eschatologiques apparaissent aussi
bien dans la religion grecque ancienne ou en Inde que dans les trois grands
monothéismes, le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Dans
les religions anciennes de la Nature on trouve fréquemment le mythe de l'« éternel
retour », ou la restauration d'un âge d'or oublié.
Dans le judaïsme ancien, l'eschatologie est marquée par
l'attente du Messie. Son retour marquera le jugement ainsi que le salut
d'Israël et de Juda. Un châtiment sera imposé par Dieu à ceux qui n'ont pas
suivi sa voie. Mais s'il est juge (Psaumes, XCVI, 13) et entre en procès
avec son peuple (Michée, VI, 1-3 ; Isaïe, XLIII, 1-6), roi
(Isaïe, LI, 11), seigneur de l'orage (Nahum, I, 1-6), il est aussi
berger (Michée, IV, 6) et rédempteur (Isaïe, LI, 11). Le « jour
de Yahvé » (Sophonie, I, 14-16) transformera le monde et verra
advenir le paradis, même si les prophètes ne le voient pas toujours ainsi,
appelant la colère de Dieu sur le peuple parjure et infidèle : « Le
jour de Yahvé sera ténèbres et non pas lumière » (Amos,
V, 18-49). Quelques justes seront épargnés par la colère de Dieu, qui
donneront naissance au nouvel Israël (Amos, III, 12 ; Isaïe,
XXVIII, 5). Dans certains textes, les derniers jours voient également le
retour de Moïse, de David ou d'Élie.
Pour l'islam, au jour du jugement (al-yawn al-akhir),
annoncé par le retour d'un prophète, Jésus ou Mahdi, le soleil s'obscurcira,
la terre tremblera ... Les morts sortiront de leurs tombeaux et seront
rassemblés sur une place. Commencera alors le jugement : tous les actes
humains seront pesés sur une balance, et les anges distingueront les pécheurs
des hommes vertueux. Sur le pont étroit qui conduit au paradis, certains
tomberont et seront précipités en enfer.
Dans le christianisme, l'attente eschatologique prend la forme
de la vigilance : il faut veiller et prier, car le jour du jugement est
proche. Le royaume de Dieu est pour le moment caché (Évangile selon saint
Matthieu, XIII), mais Jésus, qui l'a proclamé, est retourné vers son Père,
et « il reviendra dans la gloire, juger les vivants et les morts »
(Credo), ce sera alors la parousie, manifestation plénière de Dieu en
tous : « Notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous
attendons comme sauveur le seigneur Jésus-Christ. » (Épître aux
Philippiens, III, 20).
Un discours eschatologique chrétien s'est progressivement
constitué à partir de passages des Évangiles évoquant la vie morale à
l'aide de citations de l'Ancien Testament : ainsi le Jugement dernier verra
la condamnation éternelle du pécheur, et le salut de celui qui a cru en
Jésus. Les morts ressusciteront. L'enfer, le paradis et le purgatoire sont
devenus des thèmes quasi mythiques de l'eschatologie chrétienne.
On
retrouve souvent dans les récits eschatologiques la structure suivante :
signes annonciateurs — qu'entendent ceux qui suivent la religion —,
catastrophes naturelles, venue d'un prophète ou du dieu, jugement, examen des
actions de chacun, salut ou perte éternelle, restauration du monde ou création
d'un monde nouveau.
Réinterprétés, à partir de l'époque moderne, de façon
allégorique ou symbolique, les récits eschatologiques sont maintenant le plus
souvent perçus — à la suite du théologien réformé allemand Jürgen
Moltmann (né en 1924) —, dans les mouvements protestants, juifs et
catholiques libéraux comme signe d'espérance, orientation de l'histoire, du
monde et de l'homme vers Dieu, ou comme signifiant une présence déjà
réalisée de Dieu ...
Néanmoins les récits eschatologiques ont été
traditionnellement interprétés de façon réaliste, soutenus le plus souvent
par une iconographie suggestive et stimulante, qui a eu une certaine postérité
dans l'histoire de l'art. Les mentalités populaires ont également pris le
relais et ont souvent fait du thème eschatologique le ferment de leur foi
(prière pour les âmes du purgatoire, crainte de mourir en état de péché
mortel, pèlerinage expiatoire, etc.).
La
croyance eschatologique a une place centrale dans la dogmatique
théologique : le jour du jugement est le premier dogme, avec l'unicité de
Dieu, proclamé dans le Coran, la résurrection des morts, la vie éternelle et
le jugement termine le credo de Nicée-Constantinople dans le
christianisme, et l'eschatologie achève les traités classiques de dogmatique
catholique (traités De novissimis), qui distinguent l'eschatologie
individuelle de l'eschatologie générale, qui concerne le sort du monde et de
l'humanité tout entière.
Mythologie constitutive des textes fondateurs, les récits
eschatologiques s'identifient aux religions elles-mêmes, dont ils ont parfois
constitué, pour ainsi dire, le « programme ». Ainsi l'attente du
retour du Messie dans le judaïsme induit-elle tout un ensemble de comportements
éthiques et religieux. La crainte du jour du jugement, dans l'islam, commande
de mener une vie sainte et juste. Le Jugement dernier des chrétiens implique,
dans la tradition catholique comme dans les confessions protestantes et
réformées, une attitude morale et religieuse précise : conversion,
confession du nom de Jésus-Christ, confession des péchés (principalement dans
la tradition catholique).
Attente et anticipation de la fin par des discours,
l'eschatologie nourrit les peurs humaines d'espérance et d'effroi.
Particulièrement active dans les périodes de crise, elle déploie un
imaginaire sans limites pour penser ce qui limite la vie humaine.
L'Apocalypse
est le dernier livre du Nouveau Testament qui
annonce la fin des temps et le jugement dernier. Riche en allégories et en
symboles, le livre de l'Apocalypse se prête à de nombreuses interprétations.
Le mot apocalypse vient du verbe grec apocaluptein qui signifie « retirer
le voile ». Une apocalypse est une « révélation ».
L'Apocalypse est avec le livre de Daniel le seul livre de la
Bible du genre dit apocalyptique, à présenter une « révélation »
(théologique autant qu'événementielle) sous forme de visions. Toutefois, ce
genre littéraire était très courant dans le judaïsme à partir du IIe siècle
av. J.-C.
Le livre de l'Apocalypse comprend dans sa première partie une
série de « lettres aux Églises » (I, 9-III, 22) qui
exhortent les chrétiens à rester fidèles dans la persécution. La partie
principale (IV, 1-XXII, 5), proprement apocalyptique, est un ensemble
de visions qui transmet le message sous forme d'une description et d'une
interprétation de ce qui est vu. Ces visions sont pleines de symboles qui
cherchent à décrire ce qui normalement n'est pas connu de l'homme :
l'action de Dieu dans l'Histoire. Leur but est de dévoiler le sens de
l'Histoire, en adressant un avertissement qui est un appel à la conversion et
à la fidélité.
L'Histoire se déroule suivant l'auteur entre deux
événements : la résurrection du Christ et sa victoire définitive contre
le mal. Cet entre-deux est pour lui le temps de l'Église qui combat avec le
Christ contre le mal. L'Apocalypse annonce une rupture entre le monde présent,
marqué par le péché et le mal, et le monde à venir, qui verra l'instauration
du règne de Dieu. Elle est donc pessimiste sur le présent, qui est soumis à
Satan, et qui devra disparaître, mais optimiste pour l'avenir, qui verra le
triomphe final de Dieu. À partir de la résurrection du Christ, cette victoire
a déjà commencé et ne fait plus aucun doute pour l'auteur de l'Apocalypse.
L'ouvrage apporte donc un encouragement aux chrétiens en proie à la
persécution. Elle est pour eux le signe du dur combat entre le Christ et Satan.
L'histoire présente est ainsi reliée à son accomplissement et son sens est
révélé.